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Portrait métier : Garde-digues, un métier de terrain aux multiples facettes

Retour d'expérience


illustration Portrait métier : Garde-digues, un métier de terrain aux multiples facettes

Portrait Métier

Garde-digues, un métier de terrain aux multiples facettes

 

Pour surveiller le bon état des digues de protection au bord des fleuves et des rivières, les gestionnaires de digues emploient un ou plusieurs garde-digues. A l’AD Isère Drac Romanche, le garde-digues surveille 220 km de linéaire. Un métier rare et singulier.

 

 « Ce qu’on attend de moi, c’est l’observation sur le terrain de tous les désordres présents sur la digue». Glissement de terrain, terrier, arbre arraché… Sur les 220 km d’endiguement gérés par  l'Association Départementale Isère Drac Romanche, il n’y a pas un désordre important sur la digue qui échappe à la sagacité de Nicolas D. . Chaque semaine, quatre jours sur cinq, le seul garde-digues de l’AD Isère Drac Romanche part avec un appareil photo, un GPS et des fiches de relevés de terrain. Il visite ainsi l’intégralité du linéaire 2 fois par mois.  A ces surveillances réglementaires viennent s’ajouter des relevés complémentaires. Certains surviennent à la suite du signalement d’un riverain, d’autres après les épisodes de crues.

Depuis quatre ans qu’il fait ce travail, il commence à bien connaître les zones les plus sensibles, mais «il y a toujours des choses qu’on ne peut pas prévoir, comme le coup de vent qui arrache un arbre ». Le côté parfois un peu répétitif est contrebalancé par ces événements imprévus et par le cycle de la nature. « En deux semaines, le paysage change. Là on va rentrer au printemps, la végétation va reprendre le dessus ». Bien vivre ce métier implique de savoir apprécier le grand air.

 

Talent d’observateur

« Tu es les yeux de l’AD », lui a dit son responsable. Il trouve que la formule résume bien son travail. Le cœur de métier d’un garde-digues, c’est d’observer. Il photographie et consigne par écrit tous les événements pouvant potentiellement nuire à l’intégrité de la digue et donc entraîner un risque d’inondation. Il inscrit alors sur une fiche terrain le type d’événement et sa localisation (en crête, en talus ou en berge). Il signale le numéro de profil, à partir de la borne marquée au sol ou sur un piquet et utilise un odomètre, roue de mesure afin d’identifier la position précise de chaque relevé. Il indique également l’angle de la photo (vers l’amont, vers l’aval, rivière, zone protégée) pour faciliter la localisation ultérieure.

De retour au bureau, après sa tournée sur les digues, un débriefing avec les techniciens permet d’évaluer le degré d’urgence des différents désordres. Si nécessaire, il retournera avec son supérieur hiérarchique sur place. Une intervention pour travaux pourra alors être décidée.

 

SIRS Digues : Mémoire des digues

Toutes les fiches de relevés terrain et les photographies sont saisies dans le logiciel dédié : Le SIRS Digues. Cet outil métier, développé par et pour les gestionnaires, permet de centraliser et capitaliser toutes les informations collectées et produites.

« Je saisis tout ce que j’observe. Le logiciel SIRS est pratique, il nous permet de retrouver tout ce qui s’est passé. Tout est daté, repéré géographiquement ».  Le garde-digues consacre à cette saisie une journée par semaine, souvent le mercredi, jour d’affluence sur les digues. Ce jour-là, en restant au bureau à Grenoble, il apprécie de pouvoir échanger avec ses collègues. Garde-digues à l’AD Isère Drac Romanche est un métier qui a une composante solitaire, mais c’est aussi un travail d’équipe.

 

Voiture et trottinette électrique

Comment se déplace-t-il ? Sur certains ouvrages, supportant une voie verte, une adaptation a été nécessaire compte tenu du nombre d’usagers. La trottinette électrique a ainsi quasiment remplacé la voiture. C’est le cas dans l’agglomération grenobloise. « Avant, en voiture je devais faire sans arrêt attention aux usagers, nombreux avec les beaux jours, notamment les cyclistes qui roulent vite ». Voie verte ou pas, la voiture de service reste indispensable pour surveiller les parties les plus éloignées de Grenoble, par exemple le secteur Romanche amont, situé à une heure de route.

 

Interlocuteur des riverains

Sur les voies vertes, la voiture n’est pas toujours bienvenue entrainant des échanges parfois peu amènes, certains cyclistes ne comprenant pas sa présence. Le garde-digues a bien intégré cette part relationnelle de son travail. Intrigués par ses prises de notes, des promeneurs lui demandent aussi ce qu’il vient faire là. « Garde-digues ?  Ah bon cela existe ? » lui disent-ils. « Quand je leur explique qu’on travaille pour que les usagers n’aient pas les pieds dans l’eau, en général ils sont contents ». Certains riverains rappelleront l’AD pour signaler un désordre, une branche tombée, ou un dépôt sauvage d’ordures qui gêne le passage.

 

Gestion des accès et des ouvrages hydrauliques

Il a presque toujours un stock de cadenas avec lui. « La quantité de cadenas que l’on change est exorbitante ! ». Ils servent à fermer les portails d’accès aux pistes d’exploitation, qui sont interdites aux véhicules à moteur. A chaque tournée, un ou plusieurs cadenas ont sauté. Il les change.

Une autre mission complémentaire concerne les tronçons d’endiguement qui jouxtent, en amont de Grenoble, des casiers d’inondation contrôlée. Parcelles agricoles, elles jouent un rôle d’écrêtement de la crue : les ouvrages laissent surverser le cours d’eau progressivement à partir d’un certain débit de l’Isère. De plus, elles sont équipées de fossés d’évacuation des eaux, fermés par des vannes ou des clapets. Situés au cœur des digues ou à leurs abords, ces ouvrages empêchent le refoulement de l’Isère pendant les crues et permettent la vidange des casiers à la suite des évènements hydrauliques. Les clapets se remplissent régulièrement de limon. Ils sont entretenus en binôme avec un des collègues du garde digue, chargé de l’entretien et du débroussaillage. Dès lors qu’il faut descendre sur les talus ou les fossés, intervenir à deux garantit la sécurité des personnes.

« C’est fou comme la rivière ne s’arrête jamais de bouger» observe-t-il. Les  ilots ou les bancs sont progressivement rongés par le courant, certains atterrissements ont disparu au fil des ans, tandis que d’autres apparaissent. « Les méandres de la rivière ne sont jamais les mêmes ». La rivière évolue. Tel un être vivant, il faut l’observer pour apprendre à la connaitre.

Contributeur

ségolène Mortier

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