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Au bord de la Cèze et du Rhône, l’ABCèze consolide ses digues

Article de journal


illustration Au bord de la Cèze et du Rhône, l’ABCèze consolide ses digues

Sur le bassin versant de la Cèze, les digues sont en mauvais état et conduisent à des évacuations préventives en période de crue. Le syndicat mixte ABCèze lance un important programme de travaux, avec une singularité technique en bord de Rhône : l’injection de résine.

 « La digue est en très mauvais état, elle protège seulement contre des crues de niveau Q2 ou Q3, soit une période de retour de 2 ou 3 ans. Cela conduit à des évacuations préventives des habitants, comme cela s’est passé en octobre dernier (2024) » explique Titouan Leclerc, chargé de mission ouvrages hydrauliques au syndicat mixte ABCèze. La digue concernée fait partie du système d’endiguement de Pont-Saint-Esprit, l’un des six systèmes de classe C gérés par le syndicat mixte. Elle est la seule du syndicat à être située en bord de Rhône, les autres ouvrages étant localisés au bord de la Cèze. Et c’est là, sur le Rhône, que vont débuter cet été les premiers travaux de rénovation, dans le cadre d’un vaste programme de prévention des inondations (PI), qui s’élève à 8 millions d’euros.

Résine sur la digue de Pont-Saint-Esprit
Les travaux à Pont-Saint-Esprit sont prévus au mois d’août et devraient durer 8 mois, pour un coût avoisinant les 2 millions d’euros. Ils concernent la digue du centre ancien, à proximité du fameux pont qui enjambe le Rhône ainsi qu’une digue latérale (digue des Tuillières). Sur la digue principale, outre la reprise d’enrochements et d’ouvrages traversants, l’ABCèze prévoit la mise en place de tirants, à la jonction du perré et du mur digue, pour en renforcer la stabilité. L’opération la plus atypique sera l’injonction d’une résine dans l’ancien perré, sur un linéaire d’environ 400 mètres.


Ancien perré devant être renforcé  (crédit : ABCèze)

 

« Il s’agit de l’ancien perré, qui a servi de lieu d’amarrage des bateaux, on voit d’ailleurs encore les anneaux. L’idée est de combler les vides, plutôt que d’enlever les pierres ou de creuser une tranchée», explique Titouan Leclerc. Cette solution mobilisera une résine Silicajet EXP/4, que son fabricant décrit comme une « résine à injection bicomposante organique minérale à réaction rapide et expansion modérée ». Les élus l’ont préféré à une première proposition du bureau d’étude, qui aurait consisté à couler une paroi en béton étanche dans le corps de l’ouvrage. Il aurait fallu creuser une tranchée, ce qui aurait induit des nuisance sonores (les habitations ne sont pas loin) et créé des complexités sur les ouvrages traversants. In fine, la résine est « non polluante, inerte et garantie 70 ans », ajoute le chargé de mission. Des tests préalables d’imperméabilité ont été conduits, avec des résultats concluants, entre 80 et 90% d’imperméabilité. Avec tous ces confortements, la digue devrait voir son niveau de protection bondir de la Q2-Q3 à une Q100, soit une protection contre une crue centennale. De quoi mettre fin aux évacuations préventives.

 


Crue sur le Rhône à Pont-Saint-Esprit (crédit ABCèze)

 

Travaux sur la Cèze
Le gros du linéaire de digues géré par l’AB Cèze n’est pas situé en rive de Rhône, mais plus à l’ouest sur la Cèze, rivière qui prend sa source sur le mont Lozère à plus de 1000 mètres d’altitude. Or ces digues-là aussi, sont par endroits fragiles, au point d’entrainer des évacuations préventives. Cela s’est encore passé en octobre à Saint Ambroix, siège du syndicat et de la communauté de communes de Cèze Cévennes. "L'ensemble des digues présente des risques. Mais on ne peut pas tout faire d'un coup", expliquait le vice-président du syndicat mixte ABCèze, Claude Vigouroux lors d’une réunion en mai (source : Objectif Gard).

 


Crue de la Cèze en octobre 2024 (crédit : ABCèze)

 

« Il y a des gros risques d’érosion liés à la présence de végétation, une instabilité d’ouvrages à cause de l’incision de la Cèze et des risques liés aux ouvrages traversants, avec des clapets anti-retour défectueux », détaille Titouan Leclerc. Un important plan de travaux de rénovation a pu être intégré dans le nouveau Programme PAPI du Cèze (PAPI 3, 2023 2028), permettant aux communes concernées (Bessèges, Saint-Ambroix, Molières-sur-Cèze et Meyrannes) de bénéficier du financement de l’Etat, du Département du Gard de la Région Occitanie et de l’Europe (FEDER). Les travaux, qui vont concerner successivement quatre systèmes d’endiguement, pourraient débuter à l’hiver 2025. Ils inclueront du confortement par enrochements, des reprises d’ouvrages, des refontes de perrés, ainsi qu’un déversoir préférentiel (actif au-delà de la Q30) à Saint-Ambroix.

 

Exutoire d'un ruisseau couvert (crédit : ABCèze)

 

Ruisseaux couverts
« Certains ruisseaux couverts sont très longs et traversent toute une commune », observe Titouan Leclerc. Parmi les clapets anti-retour à installer ou rénover, plusieurs concernent les fameux « ruisseaux couverts pour l’activité minière en Cévennes». Ruisseaux couverts ? Ce sont des tunnels construits entre 1850 et 1910 « pour maintenir l'écoulement des ravines torrentielles, tout en déposant au-dessus des remblais miniers leur servant d'assise » (source : le SIVU des ruisseaux couverts). Ces aménagements ont été conçus pour récolter l'écoulement des eaux pluviales et de ruissellement pendant l’activité des mines de charbon. Délaissés par la suite et pour certains oubliés, les ruisseaux présentent aujourd’hui des risques d’effondrement. Leur gestion est assurée par un syndicat mixte spécifique.  « Tels qu’ils sont, ils ne relèvent pas de la PI », précise l’ABCèze. Pour autant leurs exutoires à la jonction avec la Cèze seront inclus dans les travaux. Quant aux risques d’effondrement, ils sont intégrés dans les Plans communaux de sauvegarde (PCS), dont certains ont été conçus avec le soutien financier du PAPI Cèze, sous la pilotage du syndicat gémapien.

 

Etablissement public territorial de bassin (EPTB), l’ABCèze est constitué d’une équipe de 18 personnes. L'EPTB regroupe 8 intercommunalités, soit 111 communes situées au nord du Gard, en Ardèche et très minoritairement en Lozère. Son bassin versant s’étend sur plus de 1300 km2. Outre ses missions GEMAPI, il participe à la gestion quantitative des ressources en eau sur son bassin versant.

 

 

 

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