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Avec France Digues, la prévention des inondations monte en compétence

Article de journal


illustration Avec France Digues, la prévention des inondations monte en compétence

« PI » comme prévention des inondations qu’elles soient fluviales, torrentielles ou maritimes. Pour les gestionnaires d’ouvrages de protection, cette mission est complexe et très technique. Afin de mieux gérer leurs ouvrages, ils sont de plus en plus nombreux à rejoindre l’association nationale France Digues. Elle leur apporte un appui technique et réglementaire sans équivalent.

 

« Un gain de temps conséquent ». Pour Emilie Desoeuvres, responsable Prévention Inondations (PI) au Syndicat Mixte Moselle Aval, l’adhésion à l’association professionnelle France Digues est une évidence. L’appui de France Digues a été déterminant suite à son recrutement en 2018. « Ma prise de poste a été un tournant dans ma carrière. J’avais un profil plutôt « gestion des milieux aquatiques » (Gema) et je ne connaissais pas grand-chose à la gestion des digues. Je me suis tout de suite rattachée à France Digues et j’ai enchaîné les journées techniques », explique-t-elle. Sept ans plus tard, le tournant est derrière elle mais les événements et les ressources techniques proposés par l’association continuent de nourrir son quotidien. « Pour beaucoup de technicien.nes de la Prévention des Inondations, France Digues permet de se sentir moins seul pour aborder des sujets qui sont très complexes. C’est particulièrement le cas pour les gestionnaires où un seul agent est en charge de la PI», remarque Christophe Guay, responsable du pôle prévention des inondations au Comité intercommunautaire pour l'assainissement du lac du Bourget (CISALB), l’un des premiers syndicats mixtes à avoir rejoint l’association.
 

Répondre aux besoins des gestionnaires de digues
Depuis sa création en 2013, la place de France Digues dans le paysage de la Prévention des Inondations (PI) a pris de l’ampleur. Dans la foulée de ses premiers adhérents, de plus en plus de structures en charge de la PI ont rejoint l’association. Le nombre d’entités adhérentes est ainsi passé de 10 en 2013 à environ 180 structures fin 2025, dont les principaux gestionnaires d’ouvrages en France et Outre-Mer. Quant à l’équipe salariée, elle s’est étoffée à 5 personnes, ce qui en fait une petite structure agile, à l’écoute de ses adhérents. « France Digues, c'est un peu comme une équipe externe mutualisée par les gestionnaires. On leur permet d'avoir des retours d'expériences concrets et pointus, des outils utiles au quotidien et des possibilités d'échanges sur leur métier qui est très spécifique et technique », explique la directrice de France Digues Perrine Broust.

 

Formation à la prévention des inondations torrentielles (2025 - crédit photo : FD)

 

Accès à un réseau d’experts unique
Une des grandes forces de l’association, c’est de faire vivre un réseau d’experts qui n’existe nulle part ailleurs, une « communauté de praticiens », selon les mots de Thibaut Mallet, directeur général du Syndicat mixte d'Aménagement des Digues du delta du Rhône et de la Mer (Symadrem). Ce réseau regroupe des agents territoriaux travaillant dans les services GEMAPI des intercommunalités et des syndicats mixtes, des ingénieurs et des juristes de bureaux d’études et des agents de l’Etat opérant dans les services déconcentrés. Il est aussi ouvert aux chercheurs spécialistes des ouvrages hydrauliques, en particulier ceux de l’INRAE et du CEREMA. « Des chercheurs nous partagent régulièrement leur savoir, ils nous apportent une autre vision, très utile », raconte Christophe Guay. « France Digues est aussi connectée aux sociétés savantes (1) », ajoute Bertrand Jacopin, directeur études et travaux du Syndicat Mixte d'Aménagement de la Vallée de la Durance (SMAVD), qui fait aussi partie des chevilles ouvrières de l’association.

Depuis 2013, le réseau a démontré son efficacité en réussissant à mobiliser des expertises sur un grand nombre de sujets techniques comme règlementaires. Cette mobilisation d’experts se traduit par l’élaboration de guides, la création de groupes de travail (GT hydraulique et digues, GT astreinte et anticipation de crue, GT torrentiel…) et la rédaction de notes de synthèse. Suivant les sujets, des documents spécifiques sont produits pour les gestionnaires d’ouvrages. Le GT astreinte et anticipation des crues a ainsi élaboré 18 « fiches réflexe » qui sont d’une aide précieuse pour guider les gestionnaires à s’organiser et anticiper les crues, organiser la circulation d’information et mieux se coordonner entre acteurs. Tous ces documents sont disponibles sur le site de France Digues.

 

Visite de terrain sur des digues du littoral (crédit FD)

 

Montée en compétences, journées techniques
Le réseau d’experts permet aussi de proposer des événements et des formations destinés au partage d’expérience et à la montée en compétence des agents territoriaux et des élus.  « On a des formats très efficaces, de type webinaire en 2 heures, qui regroupent jusqu’à 200 participants », observe Thibaut Mallet. Sur un format plus long, France Digues propose des journées techniques : environ 4 par an, à chaque fois chez un adhérent différent. Très appréciées des adhérents, elles font partie des rendez-vous majeurs de l’association. Et si le format est généralement hybride (présentiel et distantiel), elles incluent souvent une visite de terrain, afin de rester connecté au concret, aux réalités du terrain.

 

« En novembre 2025 nous sommes allés à la journée à Strasbourg sur la gestion de crise. On a déjà une organisation de crise en place, mais on a toujours des choses à apprendre des autres pour nous améliorer », témoigne Christophe Guay, Responsable du pôle prévention des inondations au CISALB.

 

Reposant sur des interventions d’experts, de représentants de l’Etat, sur des retours d’expérience de gestionnaires, les journées techniques (JT) offrent ainsi une montée en compétence technique ou réglementaire pointue, sur des sujets très variés : usages de la géotechnique, problématiques maritimes ou torrentielles, gestion des aménagements hydrauliques, questions foncières... Les formats et les sujets sont à chaque fois réinventés, adaptés au sujet et au contexte.

Les journées techniques constituent aussi un espace d’échanges convivial, apprécié des spécialistes de la PI. « Ces journées sont des occasions privilégiées pour discuter entre gestionnaires de manière informelle, pour partager une difficulté, trouver des solutions », témoigne Kévin Morandière, conducteur d’opérations digues et barrages au sein de Golfe du Morbihan Vannes agglomération (GMVA). Elles contribuent au « réseauting » et au tissage des liens entre pairs. « Ce réseautage est une plus-value considérable, qui m’a permis plusieurs fois d’obtenir des aides précieuses d’autres gestionnaires », remarque Emilie Desoeuvres. Une fois qu’une JT est terminée, le réseau continue de vivre, mais à distance via les groupes de travail ainsi que les forums du site France Digues.

 

Visite de terrain pendant une journée technique (2025, crédit FD)

 

« Je suis souvent sollicité : même si je ne vais pas sur le forum, il arrive que l’équipe de France Digues me tague dans un fil de discussion en tant que contributeur potentiel, quand une question apparaît sur laquelle j’ai une expérience » Bertrand Jacopin (SMAVD)

 

Base de connaissance
Chaque webinaire ou journée technique vient enrichir, sous forme de vidéos et de supports de présentation, la base de ressources accessible aux adhérents, sur le site web de France Digues. Car le site est conçu comme un « site ressources » et à ce titre, il réunit les textes réglementairesles notes des services de l’Etat, mais aussi les productions des groupes de travail et lesnotes techniques. Y figurent aussi des documents type produits par l’association, comme le modèle de rapport de surveillance réglementaire pour les systèmes d’endiguement, réalisé grâce à l’aide des adhérents. Thomas Baisnée, technicien PAPI au Cisalb, a pu l’utiliser avec succès. « Nous avions établi une première version d’un rapport de surveillance, qui n’avait pas répondu aux attentes des services de l’Etat. On s’est alors saisi du modèle proposé par France Digues pour une nouvelle version. Nous avons eu des bons retours de la DREAL et nous nous sommes mieux alignés sur la réglementation ».

 

 

SIRS Digues, logiciel mutualisé
Une autre valeur ajoutée de France Digues tient au logiciel métier « SIRS Digues » de gestion des systèmes d’endiguement. Ce logiciel, qui était un des projets centraux de l’association à ses débuts, a bénéficié de plusieurs améliorations, correctifs et extensions depuis sa V1. France Digues s’occupe de sa maintenance et de l’appui aux utilisateurs toujours plus nombreux. Le logiciel est utilisé par une cinquantaine de gestionnaires de digues. « Notre bureau d’études vient de l’utiliser pour une première Visite Technique Approfondie, en septembre. Avant, nous faisions tout manuellement, maintenant tout est automatisé, cela va être un gain de temps considérable », raconte Kévin Morandière, de Golfe du Morbihan Vannes agglomération (GMVA). Le logiciel bénéficie d’un volet mobile pour être utilisé sur le terrain. « La version sur tablette est très utile pour les obligations réglementaires, elle facilite les rapports d’inspection », témoigne Bertrand Jacopin. Et SIRS s’améliore au fil du temps, avec une V3 prévue en 2026 « optimisée pour aller plus vite », espère Thomas Baisnée. Il est à la fois un utilisateur régulier et un des contributeurs assidus aux travaux d’amélioration.

 

« SIRS facilite à la fois le respect des grandes obligations réglementaires (visites techniques approfondies, tenue des registres, rapport de surveillance etc.) et la gestion des ouvrages au quotidien (suivi des désordres et des petits travaux, plannification, extractions simplifiées …). Les gestionnaires ont tout sur le même outil. On ne s’éparpille pas et on gagne en efficacité » Jordan Perrin, référent SIRS à France Digues.

Un relais auprès de l’Etat
Aujourd’hui, France Digues est bien installée dans le paysage, au point que l’association est devenue un interlocuteur connu et reconnu des services de l’Etat. Les élus locaux, en particulier ceux siégeant au Conseil d’Administration de l’association, ont bien compris cette force de représentation. C’est ce qu’explique le président de France Digues et du SMAVD, Yves Wigt :

" La règlementation des digues a beaucoup évolué et continue de se préciser. Nous savons mettre le doigt sur des sujets pouvant être considérés comme anodins vus de Paris mais posant de gros problèmes pour les gestionnaires de digues : maîtrise du foncier, neutralisation des digues, transfert des digues domaniales... Les échanges se font de manière exigeante, constructive et respectueuse dans les deux sens. L'association représente la quasi-intégralité des gestionnaires en France et sait de quoi elle parle, des atouts indéniables pour faire avancer les choses dans le bon sens !"

 

France Digues a plusieurs fois aidé à résoudre des difficultés rencontrées par des adhérents, en dialoguant avec la Direction Générale de Prévention des Risques (DGPR). Cela a été le cas sur des sujets complexes comme les transferts de gestion des digues domaniales. « L’Etat nous a écouté, parce que nous n’étions pas sur des postures, mais sur des cas pratiques », remarque Thibaut Mallet. Ces échanges permettent aussi de clarifier des modalités d’application des textes réglementaires. « Sur l’imposition d’un horodatage obligatoire de l’intégralité des interventions sur les digues, nous avons réussi à éviter une mise en œuvre très compliquée », illustre Christophe Guay.

 


Fomation aux visites techniques approfondies, 2025

 

Communauté de praticien·nes
Porte-parole reconnu auprès des services de l’Etat, France Digues est aussi un espace où des pratiques professionnelles se confrontent et se construisent. L’association répond à la fois aux besoins des professionnels « juniors » et à ceux de leurs pairs plus aguerris, qui se réinventent en passeurs de savoirs. Elle permet aussi aux élu.es désireux de s’investir sur la PI de gagner en compétence.

Le sentiment d’appartenance à une communauté professionnelle, la satisfaction de donner de son expertise pour une cause d’intérêt général, tout cela fait partie des co-bénéfices de France Digues. Outre l’efficacité purement technicienne, la valeur de l’Humain !

 

 

Cet article a été relu par l’équipe France Digues.

 

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Note (1) :  Il s’agit en particulier de la Société hydrotechnique de France (SHF) et du Comité français des barrages et réservoirs (CFBR).

Contributeur

thibault lescuyer

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