Actualités
Sud Vendée : la prévention des inondations passe un cap
Article de journal
En 2025, le Syndicat mixte Vendée Sèvre Autizes (SmVSA) a finalisé le confortement de son système d’endiguement maritime. Prochaine étape, la rénovation d’une partie des digues situées en bord de cours d’eau. Elles s’étalent sur 102 km.
Situé au sud de la Vendée, en partie sur le marais poitevin, le Syndicat mixte Vendée Sèvre Autizes (SmVSA) a dans ses missions la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) pour le compte de ses six intercommunalités adhérentes (soit 64 communes). Sur le volet de la prévention des inondations (PI), l’un de ses gros dossiers était de finaliser le système d’endiguement littoral situé à l’embouchure ouest de la Sèvre Niortaise. Une des particularités de ce système est d’être présent à la fois sur le littoral de la baie et derrière l’estuaire de la Sèvre Niortaise.
Les derniers travaux se sont déroulés à l’été 2025. « Il aura fallu 15 ans pour terminer l’ensemble du PAPI maritime [Programme d’action de Prévention des Inondations] avec la construction de deux grandes digues, des digues premières et des digues secondes », explique Arnaud Charpentier, le président du SmVSA. « L’idée, s’il arrive une surverse, est que l’eau soit cantonnée entre les deux ouvrages, alors que pendant la tempête Xynthia, elle était entrée sur plusieurs kilomètres ».

Carte du système d’endiguement de la baie de l’Aiguillon – Bassin de la Vendée (crédit : SmVSA)
Casier de stockage temporaire
Lors de la tempête Xynthia, l’eau avait envahi 4000 hectares, heureusement sans faire de dégât humain sur ce territoire majoritairement agricole. Quinze ans plus tard, le dernier tronçon de la protection a pu être aménagé et le système est terminé. De classe C, le système d’endiguement de la baie de l’Aiguillon – Bassin de la Vendée protège 1300 personnes, d’après le syndicat mixte, contre un évènement de type « Xynthia +20 cm ». Il s’étend sur 14 km de long, avec plus de 6 km de digues de second rang qui permettent d’avoir un casier de stockage temporaire en cas de grosse tempête.
A partir de l’événement cinquantennal, correspondant à la tempête Martin, il est prévu que les digues premières de Virecourt et Petit Rocher subissent une surverse et que la mer passe par-dessus. Les zones agricoles situées entre les deux rangs de digues serviront de de zone de stockage temporaire sur 800 hectares, protégeant l’arrière-pays.

Vue partielle du système d'endiguement (crédit : SmVSA)
Digues en argile résistantes à la surverse
« La tenue des digues lors de la surverse est rendue possible par leur largeur (15 mètres et plus de large), la mise en place d’une risberme côté terre et de pentes de 1 pour 3, dans l’idée de casser la cinétique de l’eau et de limiter l’érosion des ouvrages » explique Stanislas Colas, animateur PAPI au syndicat mixte. Il s’agit de digues entièrement en terre argileuse, matériaux argileux pris sur place et compacté selon règle de l’art.
« La teneur en eau recherchée est comprise dans l’intervalle Wopt–3 < w < wopt+2 ou Wopt est la teneur en eau à l’optimum Proctor. La densité sèche des matériaux compactés à obtenir est 98 % de l’Optimum Proctor Normal. » = à cause de la météo 2024, les résultats ont souvent été légèrement inférieurs, aux alentours de 95 % » (extrait du CCTP pour la digue de Virecourt, 2024)

Digue de la Prée Mizotière réhaussée en 2025 - juin 2025 (crédit SmVSA)
Dernier linéaire réhaussé en 2025
« Nous avons eu de la chance cette année, les conditions météorologiques étaient idéales pour le chantier. C’était plus compliqué en 2024 », raconte Stanislas Colas, animateur PAPI au syndicat mixte. Cette année, le SmVSA a pu renforcer les 4 kilomètres manquants pour compléter le dispositif. Ils sont situés plus à l’est, à l’arrière d’un des derniers méandres de la Sèvre Niortaise avant son embouchure en baie d’Aiguillon. Sur ce secteur, 103.000 m3 de terre argileuse compactée ont été mobilisés, afin de renforcer la digue de la Prée Mizotière. La digue avait fait l’objet de premier travaux après Xynthia. En 2025, elle a fait l’objet d’une réhausse d’environ un mètre, et jusqu’à 1,20 mètres localement, avec une cote travaux établie à 5 mètres NGF.
Les digues de premier rang situées plus à l’ouest (Virecourt et du Petit Rocher) avaient aussi fait l’objet de réhausses, entre 1,15 m et 60 cm, avec une cote travaux fixée entre 4,65 et 4,75 mètres NGF.
Bassins stocks de matériaux
« On sait très bien qu’il y aura un tassement naturel des digues », signale Arnaud Charpentier. Que ce soit pour construire les nouvelles digues ou pour les conforter face aux futurs tassements, le syndicat mixte a prévu plusieurs bassins, situés à proximité des digues. Des petites vannes permettent les entrées d’eau. Elles sont ouvertes toute l’année, les entrées et sorties d’eau se font au gré des coefficients de marées. Grâce à cette gestion, la mer dépose des sédiments, de l’ordre d’un millimètre par marée en bord de casier. « C’est là qu’on récupère les matériaux pour les digues », ajoute l’élu. Cette zone, qui a aussi une vocation environnementale puisqu’elle sert à la nidification, est rendue possible grâce aux acquisitions foncières menées après la tempête Xynthia. Au total, le syndicat s’était porté acquéreur de 154 hectares. « Il y a eu un vrai travail collaboratif avec les agriculteurs », ajoute Arnaud Charpentier.

Bassin d'eau salée, servant à stocker l'argile
au sein du système d'endiguement (SmVSA)
En route pour le fluvial
Ce travail collaboratif se révèlera aussi crucial pour le second grand dossier « prévention des inondations » (PI) du syndicat mixte, celui sur le fluvial. Un vaste linéaire de digues, totalisant 102km est concerné. Il est étendu au bord de l’Autize, de la Vendée, la Sèvre Niortaise et le canal de Luçon.
Régularisé en juin 2024 par les préfectures de Vendée et de Charente-Maritime, ce système d’endiguement (de classe C) est composé pour partie d’ouvrages anciens et longtemps entretenus, à des degrés divers, par les associations syndicales autorisées (ASA) agricoles. Or des grands travaux de confortement sont à prévoir, d’après le SmVSA. En l’état, le système actuel protège une zone de 13.622 hectares découpée en six secteurs, mais avec un niveau de protection assez bas, entre 2,35 et 2,70 mètres NGF. A terme, « Il y aura une multiplicité de choix techniques pouvant être des palplanches, des enrochements ou des remblais », explique Arnaud Charpentier. Quant aux futurs niveaux de protection, il faudra des études techniques complémentaires pour que les élu.es les décident.

Portion de digue fluviale ( crédit SmVSA)
A court terme, le syndicat mixte travaille sur l’obtention de la fameuse « maîtrise foncière » bien connue de toute autorité « gémapienne ». Elle donne le droit d’intervenir légalement et physiquement sur les terrains privés où sont situées les digues. Après avoir signé des premières conventions avec les ASA propriétaires, une servitude d’utilité publique dite « MAPTAM » va être organisée, cette fois avec les nombreux propriétaires individuels. Parallèlement, un nouveau programme PAPI (Programme d’Etude Préalable, PEP) devrait être élaboré en 2026, afin de compléter les études hydrauliques. Il intègrera un volet d’étude topographique, pour préciser les hauteurs des seuils des habitations (plus de 100 sont concernées). Sur tous ces sujets, une réunion de concertation a eu lieu, le 30 octobre dernier.
Avec ses deux systèmes d’endiguement, le territoire du SmVSA pourrait se sentir à l’abri des inondations, mais le zéro risque n’existe pas et sur ce territoire exposé, « les deux systèmes ne doivent pas faire oublier la nécessaire prévention, en particulier pour les personnes qui n’ont pas la culture du risque », ajoute le président du syndicat mixte.
----
Contributeur
Licence
Ces informations sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
Commenter
S'inscrire ou se connecter pour laisser un commentaire.