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Baie de Somme : des élus demandent un autre Plan de prévention des risques

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illustration Baie de Somme : des élus demandent un autre Plan de prévention des risques

23000 hectares, 13500 habitants, dix communes et un Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) qui suscite la colère d'une partie des élus locaux. Ce n'est pas la première fois qu'un Plan de Prévention crée des oppositions. Mais autour de la Baie de Somme, les élus sont particulièrement inquiets des limites imposées aux activités économiques (campings touristiques) et foncières. Ils peuvent désormais s'appuyer sur l'avis de la commission d'enquête , rendu public le 3 février. Après avoir rassemblé quelques 1200 observations, les deux commissaires ont en effet émis un avis défavorable au PPRN. L'avis n'aura pas de portée contraignante sur la décision préfectorale d'adopter le Plan. Mais il donne du grain à moudre aux opposants. Après avoir créé une association anti-PPRN, A.D.PAR. (Association de Défense des Propriétaires Artisans et Résidents), ils ont interpellé le nouveau président de la région Xavier Bertrand, dans un courrier publié dans le Journal d'Abbeville. Ils demandent l'élaboration d'un PPRN alternatif, estimant que le PPRN actuel « signe le début de la chronique d’une mort économique annoncée sur l’ensemble du littoral picard. »

Au niveau technique, les opposants critiquent plusieurs points de l'étude prospective sur laquelle reposent les cartographies des zones à risques de submersion marine. Deux de ces critiques en particulier, ont servi d'argument aux enquêteurs publics.

La première concerne l'ensablement de la baie de Somme. Alors qu'il est une réalité constatée depuis des années, son évolution n'aurait pas été pris en compte dans la modélisation. C'est ce qu'indique en effet une réponse de la DDTM faite aux enquêteurs : « Le niveau d’ensablement actuel de la baie fait partie des éléments qui entrent en considération dans la réalisation de l’étude des aléas du PPRN Marquenterre Baie de Somme par le biais du levé topographique Lidar. Néanmoins, si l’évolution de l’ensablement accroît l’altitude des fonds de baie, cette évolution sera prise en compte dans le cadre d’une révision. ». Cette réponse n'a pas convaincu les élus, ni la commission d'enquête, pour qui l'ensablement de la baie est « un paramètre qui pourrait avoir une incidence sur les résultats des modélisations. Cela constitue à ses yeux (ceux de la commission) une faiblesse non négligeable du dossier ».

Un autre point technique concerne l’abaissement du niveau d’eau en baie : Là encore, ce sont les enquêteurs qui critiquent un choix méthodologique. Ils reprennent un souhait méthodologique formulé par l'auteur de l'étude prospective, le bureau d'études Creocéan.

Extrait du rapport d'enquête publique : «  Des tests de sensibilité réalisés par Créocéan fin 2012 ont montré que, comparativement à une situation sans submersion, les niveaux atteints devant le trait de côte (côté mer) pouvaient être significativement limités en cas de submersion importante du territoire du Marquenterre. CREOCEAN aurait souhaité que ce phénomène soit étudié, analysé puis pris en compte, notamment par une approche plus globale (avec la mise en place d’un modèle d’ensemble) dans les différentes simulations pour définir les aléas. Néanmoins la DDTM de la Somme n’a pas souhaité que ce phénomène soit pris en compte dans les modélisations et a donc demandé que la méthodologie suivante soit mise en place pour définir les aléas : 1. Définition des niveaux marins de référence le long du trait de côte concernée, en l’absence de submersion, 2. Simulations de la submersion de la zone terrestre par un modèle n’incluant que les zones terrestres, 3. Forçage du modèle par les niveaux marins de référence en l’absence de submersion ».

Et les enquêteurs de conclure que le PPRN « s’est ainsi privé de données importantes pour la caractérisation des aléas et que, dans ces conditions, les cartographies présentées et le projet de règlement sont entachés de suspicions méthodologiques ».

Les élus opposés au PPRN ne manqueront pas de s'appuyer sur ces éléments. A moins que les services de l'Etat fournissent des éclaircissements complémentaires sur leurs choix méthodologiques ?

 

Source :

Le Journal d'Abbeville, 23 février 2016
 

Thibault LESCUYER

Contributeur

Marion TUCCI

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