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Avignon se renforce contre les crues de la Durance
Article de journal

Les travaux de confortement et de recul de digues pour protéger le Grand Avignon viennent de se terminer. 4 millions d’euros au total, avec des efforts particuliers mis sur la circularité du chantier. A la maitrise d’ouvrage, le SMAVD.
Etendu sur 15,3 kilomètres, le système d’endiguement de la communauté d’agglomération du Grand Avignon est constitué de deux grandes digues complémentaires. A la confluence avec le Rhône s’étend sur 3.700 mètres une digue classée « barrage ». Cette digue fait partie de l’aménagement d’un barrage hydroélectrique situé sur le Rhône (Vallabrègues). Gérée par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), elle contrôle les rehausses des lignes d’eau générées par l’aménagement hydroélectrique. Elle contribue également à la protection de la ville d’Avignon contre les crues de la Durance. « En tant que gestionnaire du système d’endiguement pour le compte du Grand Avignon, nous avons établi une convention de mise à disposition avec la CNR, qui se charge de l’entretenir et qui le fait très bien», explique Bertrand Jacopin, Directeur Etudes et Travaux du syndicat Mixte d’Aménagement de la Vallée de la Durance, le SMAVD. La seconde partie du système, plus en amont sur la rivière Durance, est celle qui vient d’être renforcée et modifiée par le syndicat mixte. Cette partie est très ancienne, historique même. La ligne de protection de la plaine avignonnaise date de l’époque papale, la ville étant située sous le niveau de la Durance. Aujourd’hui le SMAVD la gère pour le compte du Grand Avignon, qui lui a délégué la compétence GEMAPI en 2018.
Renforcement de la digue sur le secteur de Bonpas (crédit : SMAVD)
Confortement
Premier secteur concerné par les travaux, celui de Bonpas, le plus en amont du projet. «Sur la digue du Grand Avignon il y a déjà eu des gros investissements en particulier depuis l’an 2000, pour consolider la protection contre une crue centennale. Mais il restait deux tronçons à reprendre, dont celui de Bonpas, qui supporte une route et traverse un autre barrage hydroélectrique, géré par EDF», ajoute Bertrand Jacopin. Cette superposition d’usages et la complexité administrative qui en résulte explique que cette rénovation soit intervenue plus tardivement. Ici les travaux ont consisté à rehausser et prolonger un muret à proximité du barrage EDF, ainsi qu’à ajouter des enrochements pour protéger la digue contre l’érosion externe. Le département du Vaucluse, compétent et concerné pour la voirie, a cofinancé ces travaux à hauteur de 20%. Une partie de la crête de digue sera utilisée pour une des dessertes du nouvel nœud routier du carrefour de Bonpas, dont les travaux viennent de débuter, sous la houlette du département.
La Durance vue du barrage EDF, après travaux (crédit : SMAVD)
Recul de digue
Le second secteur des travaux est situé plus en aval à proximité d’un site industriel opéré par Cemex. « On était sur un tronçon où la digue historique des Chartreux était soumise à une érosion qui ne permettait pas de garantir la tenue pour les crues centennales », détaille le directeur Etudes et Travaux. Plutôt que de renforcer la digue avec des enrochements, le choix technique a été de déplacer la digue à l’arrière. « On laisse les protections enterrées de la digue historique en place et on démolit la partie aérienne composé d’un remblai terreux et d’un perré en béton. La digue est reculée à 50 mètres de la berge initiale. Si la berge subit une érosion à l’avenir, cela n’affectera pas directement la digue et on aura le temps d’intervenir et si besoin de réparer, avant que la nouvelle digue ne soit affectée ». La nouvelle digue a été construite sur un terrain délaissé de la SNCF. Le bord de la Durance a bénéficié d’un important volet de végétalisation et de reboisement, sur 1,4 hectares avec notamment 16 bosquets de 60 m² constitués d’arbres à hautes tiges.
A droite, la digue en cours de démontage, secteur Cemex (crédit : SMAVD)
Exigences d’enrochement
« Nous avons un cycle de gel dégel très fort sur la Durance. En hiver les blocs situés au bord de l’eau gèlent toutes les nuits et dégèlent en journée. Contrairement à des secteurs de montagne où ils ne dégèlent pas de toute la saison froide. C’est un cycle qui les fragilise et qui nous pousse à être très exigeant sur la qualité des calcaires. On privilégie des enrochements très denses, non poreux », explique Bertrand Jacopin. Les gisements adéquats ne sont pas si nombreux et pour ce chantier, c’est la carrière de la Mède, située près de l’étang de Berre qui a approvisionné le chantier. Des tests préalables en carrière avaient vérifié la qualité des matériaux avant que les camions acheminent le minéral protecteur.
Démolition du perré de la digue démontée (crédit SMAVD)
Réemploi et réutilisation
A part quelques enrochements disponibles sur place, le gros des enrochements utilisés provient donc d’une carrière distante. Par contre les besoins en graves (graviers) du chantier ont pu être satisfaits grâce au recyclage de matériaux locaux. C’est le perré en béton de la digue démontée sur le secteur de Cemex qui a pu être mobilisé. Il a été recyclé à grande échelle : à hauteur de 14000 tonnes. Deux types de matériaux ont ainsi été produits : du grave 0 31 5 a servi pour toutes les pistes et les nouveaux chemins d’accès de la digue, tandis qu’une grave plus grossière a servi à réaliser la structure supérieure de la digue concernée par le nouvel échangeur routier de Bonpas. Ce recyclage a permis de contribuer à la dimension « économie circulaire » du projet.
Atelier de recyclage de l'ancien perré (crédit SMAVD)
Continuité écologique et castors
Située en zone Natura 2000, le projet devait aussi mettre en œuvre la séquence réglementaire ERC (Eviter Réduire Compenser) liée aux atteintes à la biodiversité. « On a essayé de réduire au maximum les impacts. Il y a eu des déboisements sur la zone de Bonpas, mais ils ont pu être largement compensés sur le secteur de recul de la digue », explique Bertrand Jacopin. Les 1,4 hectares reboisés sur le secteur d’élargissement plus à l’aval ont permis une compensation in situ, offrant un ratio très favorable entre la surface déboisée et la surface reboisée, indique le SMAVD. Pour ce qui est des dérogations aux espèces protégées, un dossier spécifique avait été monté pour les castors, bien qu’aucun gite du mamifère n’ait été repéré lors des inventaires préalables. Les dispositions prévues en cas de présence fortuite n’ont pas été déclenchées, faute de gite constaté pendant les travaux.
Nouvelle digue en retrait - à droite le secteur de reboisement (crédit SMAVD)
Externalisation de la MOE
En matière d’organisation, le chantier constitue une exception par rapport à la pratique habituelle du syndicat mixte. « Le plus souvent, le SMAVD est à la fois maître d’ouvrage et maître d’œuvre (MOE) pour les travaux de prévention des inondations sur la Durance. Sur ce projet-là, il nous est apparu intéressant d’avoir un MOE externe, surtout que nous avions déjà un plan de charge (de MOE) très important au lancement du projet », explique Bertrand Jacopin. Au printemps 2025 les travaux étaient finis et l’inauguration dans le rétroviseur, mais il restait encore à mettre à jour l’étude de dangers (EDD). Au final, le système d’endiguement est en état de résister à une crue centennale de la Durance. 5000 m3, soit l’équivalent de deux piscines olympiques par seconde.
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